Le chien des étoiles, Dimitri Rouchon-Borie

« Je voulais pas être un homme, je voulais être une chouette, je voulais me fondre dans la nuit. » (Edition Le Tripode, P. 206)

Après Le démon de la colline aux loups, roman qui avait rencontré un gros succès en 2021 en raflant 13 prix, nous retrouvons Dimitri Rouchon-Borie – journaliste et chroniqueur judiciaire –  avec son nouveau roman, Le chien des étoiles. Dans ses interviews, l'auteur avoue que l'écriture de ce deuxième roman a été un véritable défi. Pour surmonter la peur de ne pas être à la hauteur de son premier livre, il a dû renouer avec l'écriture et se libérer des injonctions qui le restreignaient.

Le chien des étoiles est autre roman noir, la violence restant un sujet qui le travaille beaucoup. Cependant, ici la poésie s’impose face à la violence et à la noirceur du texte : langage rugueux et lyrisme s'harmonisent à la perfection. Le style du texte est également très sensoriel, avec des descriptions où les odeurs occupent une place prépondérante.

Découvrons ensemble les grandes lignes de ce conte moderne et cruel. Un court roman de 227 pages, divisé en neuf sections titrées.

 « Se remettre à vivre, c’était signer pour la noirceur. » (P.19)

Le récit s’ouvre sur Gio, un jeune homme de 20 ans, qui retrouve les siens après un séjour à l’hôpital. Laissé entre la vie et la mort après avoir reçu un terrible coup de tournevis dans le crâne lors d’une bagarre, il s’en sort miraculeusement. A peine de retour chez lui qu’il lui faut riposter pour récupérer son honneur. Gio appartient au monde des gitans où les clans sont continuellement en guerre, un monde où l’honneur et la vengeance par les tueries font la loi. Il rejette ce monde de violence et de représailles et s’enfuit dans un train de marchandises, accompagné de Papillon, un jeune « démon » de 9 ans, et Dolores,  une « jolie poupée » âgée de 16 ans.

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« Je vais vous laver, chaque jour, pour sécher les larmes, et que plus personne ne gâche jamais cette beauté qui vous êtes. […] dès aujourd’hui, vous êtes beaux et vous êtes purs pour toujours. » (P.66)

L’expérience de la mort ne laisse pas Gio indemne. Il signe un pacte avec la nuit et l’envie « d’aller aux étoiles » ne le quitte plus. Il évolue entre deux mondes : celui des humains et celui de la nuit où les chouettes sont devenues son univers, sa famille. Il veut être un grand-frère protecteur pour ses deux compagnons plus jeunes. Tous les deux corrompus par la violence. Tous les deux silencieux. Papillon est muet et ne connaît que la violence à laquelle il répond avec sauvagerie. Malgré son jeune âge, il a déjà tué. Dolores, contrainte au silence par sa condition de femme, est victime de sa beauté. « Le monde, il s’en fiche de mon vocabulaire pour dire bonjour à Gio quand il revient de l’hôpital, le monde il s’en tape d’entendre le reste, il veut juste que je l’attrape par la queue et que je fasse le travail dans le silence parce que c’est mon destin… » (P.59)

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Sera-t-il possible pour nos trois protagonistes de fuir la violence du monde, de renier la culture qui les a mis au monde ?

Au cours de leur fuite, nos trois héros rencontreront des personnages généreux qui tenteront de les aider et de les remettre sur le droit chemin. Mais leur influence sera-t-elle plus forte que celle des personnages cupides qui prennent ce qu’ils veulent prendre ? Pourront-ils trouver la rédemption au cours de leurs aventures qui s'apparentent à un voyage initiatique ?

Dimitri Rouchon-Borie confirme son talent d'écriture, ici tour à tour âpre et poétique. Un livre que j'ai lu d'une traite et que je recommande.