Le Polycarpe arpenteur, Pierre Thiry

Service Presse

"Le bateau devient puzzle en déchets déboîtés

Qui descendent dans l'eau sous une allure informe

Mon souvenir s'embrume et mon chant le déforme

Qui pourra découvrir ce mystère emboîté ?..."

L'histoire commence dans un potager de Poligny, dans le Jura, et se poursuit dans un café de Chalon-sur-Saône, où Elzbieta Gurnlang, globe-trotteuse et romancière originaire du Danube, rencontre Valche Eugnal, timide passionné de mots croisés originaire de Leipzig. Ils tombent éperdument amoureux et leurs voyages les mènent jusqu'au port d'Alexandroúpoli, où la célèbre chanteuse Sophie Schapska et son mari Philoxène Schapska, talentueux compositeur de musique contemporaine, les invitent à les rejoindre à bord du voilier Polycarpe Arpenteur, R.O.M.A.N, Rapide Objet Manipulable Aimant Naviguer. Le Polycarpe arpenteur - "un voilier révolutionnaire conçu pour figurer dans les romans à rebondissements inattendus" - et dont la mission est un voyage au cœur de la légende d'Orphée "où la poésie ne cesse de renaître dans le mouvement des courants", coule et c'est ici que commence notre enquête.

L'auteur dresse des "barricades mystérieuses" autour de ce naufrage que le policier grec Jason Samothrakis entreprend d'élucider.

Dans ce roman d'aventures mais pas seulement, qui nous fait voyager de la mer Thrace à la Seine, en passant par l'aiguille d'Etretat et la toute proche station balnéaire où Jacques Offenbach, l'auteur d'Orphée aux enfers, aimait passer ses vacances, ou la pointe de Quillebeuf, qui abrite l'épave du Télémaque, Pierre Thiry rend hommage à la littérature dont Jules Verne, pour ne citer que lui et à la musique. La poésie est omniprésente dans ces pages où il a joué le jeu en écrivant des poèmes en vers. Ce roman est aussi une invitation à réfléchir sur les maux de notre société actuelle : le réchauffement climatique et la guerre. Mais je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler davantage ce roman à mystères !

L'élément déclencheur de ce roman a été la question suivante : "Et si j'écrivais un roman dans lequel je nous invitais à nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour rendre le monde plus vivable ?". Pierre Thiry, dont c'est le quinzième livre, s'est aussi essayé à l'écriture d'un roman à la structure assez contraignante que l'on pourrait qualifier de poétique ou musicale (la poésie tient une place importante dans sa vie, et son père était musicien !), et au style nouveau, d'où la scène récurrente du jardin qui ponctue les chapitres. C'est un livre de fiction avec des personnages inventés, dont l'un est emprunté à Perec (Schapska, expédiée par Perec en deux lignes dans La vie mode d'emploi), mais dans lequel l'auteur a également mis beaucoup de lui-même, en essayant de répondre à ses propres questions.

Si j'ai d'abord été déconcertée par la succession apparemment sans queue ni tête des chapitres, le flot d'informations et la richesse des références, j'ai été séduite par cette histoire créative et originale et par l'écriture habile et poétique de Pierre Thiry. Le lecteur auquel il s'adresse parfois - créant ainsi une réelle complicité - est prévenu : "les apparences sont souvent trompeuses"... Les chapitres s'enchaînent et il faut aller jusqu'au bout pour reconstituer le puzzle de cette enquête aux rebondissements incroyables. Impossible de lâcher le livre... on est pris par l'histoire... les histoires !

Oserez-vous embarquer dans ce voyage aventureux et baroque, plein de poésie et de musique, pour tenter de démêler les nombreuses références glissées ici et là ?