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Par les Routes, Sylvain Prudhomme

lavaliseauxlivres

4 min de lecture

27 déc. 2023

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« Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent. » 

(Edition l’arbalète Gallimard, P. 129)

 



Cette semaine, je prends la route avec ma valise aux livres !


Dès les premières pages, j'ai su que Par les routes de Sylvain Prudhomme serait un VRAI coup de cœur ! Certaines lectures se révèlent être une véritable rencontre avec l'auteur et nous-mêmes, et résonnent en nous plus que d'autres. Et pour moi, ce livre fait partie de ces lectures magnétiques.




Sylvain Prudhomme puise dans la vie réelle la matière première de ses écrits, car comme il le dit lui-même : L'imaginaire est si fade face à la vie réelle ! À partir des petites situations qui émaillent son quotidien, de ses relations avec ses proches, il tisse peu à peu un récit autour de sujets qui l'intriguent et l'amènent à réfléchir. Ses histoires sonnent justes et sincères parce que, finalement, elles nous renvoient à lui, à nous.

 

Sylvain Prudhomme nous livre là un roman empreint de bienveillance, récompensé à juste titre des prix Landerneau-Roman et Femina en 2019. Découvrons ensemble les grandes lignes de Par les Routes.

 

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« J’avais quitté Paris pour entamer une nouvelle vie. De toutes mes forces, je souhaitais changer d’air.  […] J’allais avoir quarante ans. » (P. 9-10)


Sacha, le narrateur, est écrivain et en pleine quête de « renaissance ». Il quitte Paris pour une petite ville où il compte mener une vie calme, plus vraie et qui y verrait la naissance fulgurante et facile d’un livre. A peine arrivé, il y retrouve l’autostoppeur (il ne sera jamais nommé), ancien colocataire, qu’il n’avait pas revu depuis plus de quinze ans.

 

« Je le dis haut et fort: l’autostoppeur ne fuyait rien. Lorsqu’il était là, il était là tout entier. De bonne humeur. Enjoué. Il savait sa chance. […] Il n’était pas de ces hommes qui étouffent, noyés, pressés d’oser enfin une embardée trop longtemps différée par manque de courage, prétendue fidélité – en fait simple défaut d’audace. Quoi de plus tristement banal qu’un homme qui ronge ses fers. » (P.109)


Bien qu’heureux en couple avec Marie et père du petit Augustin, l’autostoppeur n’a jamais renoncé à l’autostop. Il part souvent trois ou quatre jours sans destination ni but précis, par simple plaisir. Cependant, bien plus qu’un simple passe-temps, c’est une nécessité à son équilibre, un besoin de partir qui le pousse sur les autoroutes et les aires d’autoroutes. « Si je reste trop longtemps sans partir j’étouffe. » (P. 75). Partir lui permet d’être pleinement présent pour ses proches quand il est à leurs côtés, d’être épanoui et heureux tout simplement.



« Et pourtant je pars. Je ne devrais même pas dire « et pourtant ». C’est presque le contraire : je pars précisément parce qu’il ne faut pas. Avec la conscience très claire de faire une bêtise. [...] Je le fais parce que je sens que c’est grave. Parce que. Tout va trop bien. Tout est trop parfait. Quelque chose en moi veut casser ça. S’en libérer. Quitte à décevoir. Quitte à tout foutre en l’air. »  (P. 122-123)

La rencontre entre Sacha et l’autostoppeur déclenche un basculement dans la vie des deux hommes. D'une simple envie de faire des rencontres spontanées, de découvrir et de partager un moment avec des personnes capables de cette extraordinaire hospitalité qu'est l'accueil d’un parfait inconnu dans sa voiture, l'auto-stop devient peu à peu vital, puis compulsif. L'autostoppeur prend la route de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, tandis que Sacha se rapproche de Marie et Augustin. Car c'est l'histoire de ceux qui partent, mais aussi de ceux qui restent.


Qu'en sera-t-il de sa relation avec Marie et Augustin, qui le voient s'éloigner de plus en plus et ne peuvent rien faire pour le retenir ?

Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue et vous laisse découvrir ce beau roman addictif qui se lit d'une traite.

 

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L'écriture de Sylvain Prudhomme est simple, fluide et délicate. Il nous entraîne dans cette histoire d'amitié et d'amour, en nous faisant sillonner à travers les villages français, simplement évoqués et listés par thème, par humeur du jour ou par ordre alphabétique. C’est un récit généreux et lumineux qu’il partage avec nous.

 

A l'heure où la plupart des rencontres sont virtuelles et où la technologie s'est emparée de nos vies, rendant les échanges et les rencontres spontanées plus difficiles, ce livre est une véritable ode au voyage et à la découverte de l’autre et de soi. Pour ne rien gâcher, la fin est tout simplement sublime et c'est le sourire aux lèvres que l'on referme ce livre. Une véritable bouffée d'oxygène, et qu'il est bon de pouvoir faire une pause dans le monde de plus en plus anxiogène dans lequel nous vivons.

 

« Il aimait les autoroutes. La glissade des autoroutes. L’impossibilité de faire marche arrière. Pas de place pour le repentir. Marche avant, toujours. On avale l’espace. On le vainc. On le mange. Ce n’est plus de l’espace. C’est du temps. Une pure quantité de temps qu’on regarde fondre. » (P.108)


Ce livre ne vous laissera pas indifférent. Que vous soyez pris d’une envie irrépressible de prendre le large en voiture, de « manger de l’autoroute » pour vous vider la tête vous laisser porter par le temps. Ou bien que vous ayez cette curiosité nouvelle de découvrir les petits patelins français aux noms plus atypiques les uns que les autres listés au fil des pages. Que vous ayez une envie irrépressible de prendre la route en voiture, de "manger de l'autoroute" pour vous changer les idées et laisser le temps faire son œuvre, ou que vous soyez simplement curieux de découvrir les petits villages français, aux noms tous plus insolites les uns que les autres, ce livre ne vous laissera pas indifférent. Par les routes vous donnera certainement envie d'aller à la rencontre des gens, de lâcher prise et de vous laisser porter par une multitude d'existences possibles ! Un livre à lire et à relire.



 

 


 

 

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